Fiche extraite du Guide des Cabinets
de Conseil en Management
de Jean-Baptiste Hugot et Théo Sztabholz
17e édition : mai 2025
Onepoint
29, rue des Sablons
75116 Paris
Tél. : 01 70 23 03 00
www.groupeonepoint.com
Création : 2002
SAS au capital de 1 345 500 €
Actionnariat : David Layani 77 %, environ 1 000 partners et salariés 23 %
Responsables : David Layani, président fondateur
Bertrand Baret, DG délégué et COO
Matthieu Fouquet, secrétaire général et partner RH
Effectif : 500 consultants, 3 500 collaborateurs toutes activités
CA : 100 M€ (estimation), 500 M€ toutes activités
Syntec Conseil, certifié Gold EcoVadis, B-Corp
Conseil en organisation, management et technologies
• Stratégie digitale et architecture SI
• Transformation digitale
• Cloud
• Data et intelligence artificielle
• Cybersécurité
• Management et innovation
• People et change
• Marketing et relation client
• Performance et stratégie opérationnelle
• Finance, risque
Notre opinion
Onepoint est une des grandes réussites du numérique et du conseil français de ces dernières années. Fondé il y a vingt ans par David Layani (autodidacte qui n’avait que vingt-deux ans à l’époque), il atteint aujourd’hui les 3 500 salariés pour un demi-milliard d’euros de chiffre d’affaires.
Moins connu et plus petit que ses concurrents directs, les grandes ESN du marché (Accenture, Capgemini, etc.), Onepoint a néanmoins été sous les feux de l’actualité économique française, puisqu’il s’est porté candidat à la reprise d’une partie d’Atos (Eviden, la branche qui porte les activités de cloud, data, cybersécurité et IA du fleuron technologique français en difficulté - cf. présentation). D’abord jugée peu crédible (la proie étant à peu près dix fois plus grosse que le chasseur, tant en effectif qu’en chiffre d’affaires), cette offre a fini par le présenter comme une solution de sortie de crise crédible pour Atos, dont Onepoint avait repris 11,4 % du capital fin 2023, en devenant son premier actionnaire. Finalement, sur ce dossier complexe de restructuration d’entreprise, le rachat d’Eviden n’a pas abouti, mais cette opération avortée a fait gagner en notoriété l’outsider.
Il n’en demeure pas moins que Onepoint reste un être difficile à définir. A mi-chemin entre ESN et cabinet de conseil, il mêle technologie et conseil. À rebours des ESN concurrentes qui s’efforcent de bien différencier leurs offres de conseil, souvent en utilisant une marque différente (cf. Sopra Steria Next, Capgemini Invent, CGI Business Consulting, etc.), il a choisi l’imbrication totale des métiers. « Notre conseil n’existerait pas sans notre offre de transformation technologique. L’intégration du conseil et de la technologie est consubstantielle de ce que l’on est » tranche Bertrand Baret, le directeur général délégué et COO, arrivé mi-2024 d’EY, dont il dirigeait le pôle conseil. Avec cet ADN « tech for business », et une volonté de gommer les frontières, la quasi-totalité des missions sont hybrides, menées par des équipes mixtes de consultants, de profils technologiques, de data scientists, etc.
Onepoint propose une large offre de services couvrant de nombreux domaines, qu’il regroupe en trois pôles.
Le premier est la technologie, qui regroupe la data (400 data scientists), la cybersécurité (250 spécialistes), la transformation digitale, le développement, la stratégie & architecture IT, le move to cloud, et bien sûr, l’intelligence artificielle. Sans surprise, l’IA y occupe une place de choix, et est traitée, au sein d’une IA Factory, sous ses différentes facettes : stratégie, use cases, déploiement, formation… Il a par exemple mis au point son propre assistant IA, baptisé Néo. Utilisé par les 3 500 collaborateurs en interne, il est aussi vendu en marque blanche aux clients qui peuvent le personnaliser selon leurs besoins.
Le deuxième pôle - qui nous intéresse plus particulièrement dans le cadre de ce guide - est le conseil, soit 500 personnes : l’innovation stratégique, le marketing digital et la relation client, l’excellence opérationnelle, le « Px » (people experience, change management, agilité, formation), ainsi que les sujets de pilotage et d’accompagnement à la transformation, de PMO (gestion de projet)… Et la stratégie ? Pour Bertrand Baret qui, avant EY, était passé comme associé par les grandes maisons du conseil en stratégie, celui-ci n’est pas d’actualité. « Le marché du conseil évolue vite, et en réalité, le poids du conseil en stratégie dans le métier diminue. Notre conviction est qu’à l’avenir, le gros de la croissance du secteur sera capté par les cabinets qui maîtrisent parfaitement les technologies tout en ayant une fine compréhension du business de leurs clients ». Pas de stratégie pure, donc, mais une volonté malgré tout d’amener les partners à tenir un rôle de « trusted advisor » auprès des directions générales.
Le troisième pôle, baptisé DRF (pour Deal, Risk & Finance), animé par une dizaine de partners et comptant une centaine de personnes, fait des due diligences (opérationnelles, financières, ou ESG), du post-merger integration de PMI, ou des carve-out. Il fait aussi de l’actuariat (évaluation de risques sur des sujets à forte valeur ajoutée), et accompagne ses clients dans la transformation digitale de leur fonction finance.
Au-delà de ces trois pôles, une activité est en forte croissance : celle liée aux ERP (systèmes de gestion intégrés). 150 personnes s’y consacrent, sur des missions de cadrage, d’intégration et d’accompagnement à l’utilisation des logiciels (Salesforce, SAP, Workday, Service Now…).
Onepoint est organisé en douze communautés d’expertise, et quatre grands secteurs d’activité : BFA (banque, finance, assurance, 35 % du CA), IDEAS (énergie, industrie, transports, luxe, retail, life science, 34 %), SMT (services, média, télco, 16 %) et SP (secteur public et santé publique, 15 %). Alors que beaucoup de concurrents ont vu leur activité dans le secteur public diminuer, notamment suite à « l’affaire McKinsey », Onepoint la développe, en étant présent sur les grands marchés publics, comme celui de la Canut (la centrale d’achats des collectivités locales), conjointement avec Atos, pour le déploiement de l’IA auprès d’acteurs publics.
Ses clients sont essentiellement des grands comptes (80 % de l’activité), et des ETI. « Nous sommes présents chez 50 % des grands comptes, estime le DG. Conquérir l’autre moitié est notre principal levier de croissance, même si nous entendons aussi augmenter notre pénétration du marché des ETI, notamment en multipliant les ouvertures de bureaux en régions ». Autre cible : les entreprises du portefeuille des fonds d’investissement (souvent performantes et bénéficiant de moyens de développement).
Onepoint nourrit de grandes ambitions. « Nous avons mis dix ans à atteindre les 50 M€ de CA. Dix autres pour arriver à 500 M€. L’objectif, dans dix ans, ce sont les 5 milliards, avec un palier à 1 milliard dans 4 ans ». Une croissance en partie organique, mais également par voie d’acquisitions, pour lesquelles le cabinet a déjà montré son appétit. Il a notamment acquis en 2018 le cabinet Weave, une structure bien connue de notre guide. Ce cabinet fondé par Didier Rousseau, qui associait déjà services technologiques et conseil augmenté, comptait plus de 300 consultants et 50 M€ de chiffre d’affaires, et était venu constituer, à l’époque, le gros des équipes conseil de Onepoint. Sont tombés également dans son escarcelle : Timwi Consulting (30 personnes basées à Rennes, 5 M€ de CA, en architecture numérique), JBG Consultants (25 consultants, à Rennes également, 3,6 M€ de CA, dans l’agro-alimentaire), Nexworld (100 experts en architecture numérique, 10 M€ de CA), et en 2025, Stack Labs (60 salariés pour 6,5 M€ de CA, spécialiste toulousain du cloud, de la data et de l’IA).
Dans ce grand mouvement, l’international n’est pas en reste. Onepoint vise le doublement de la part de son CA hors France pour passer de 15 % à 30 %. Il a déjà multiplié les bureaux depuis deux ans : après la Belgique est venu le Maroc (dynamique, le bureau compte 15 personnes et en recrutera 25 en 2025), l’Australie, la Malaisie et le Canada. Il entend accélérer en Amérique du Nord (avec un bureau en cours d’ouverture à New York), en Europe (notamment au Royaume-Uni), avant que ne suivent les pays du Golfe.
Recrutement, carrières et organisation interne
Pour soutenir ces ambitions (« croître entre 2 et 2,5 fois plus vite que le marché »), Onepoint prévoit 900 arrivées en 2025, toutes activités confondues. Moitié débutants, moitié expérimentés, moitié écoles d’ingénieur, moitié école de commerce. Il prise également des profils tech pointus, sortant d’écoles spécialisées telles que l’Insa à Lyon.
Son taux d’attrition se situe autour de 20 %, dans la moyenne de la profession.
Gérer une telle croissance est un défi pour toute entreprise, mais peut-être plus encore pour une organisation dont l’ADN est d’être peu structurée, avec un organigramme relativement plat (avec trois niveaux hiérarchiques seulement : associate, leader - ou expert -, partner - ou master - expert). « Cette culture entrepreneuriale très forte et la ligne managériale courte vont perdurer. Mais il faut aussi nous structurer pour permettre une croissance accélérée » explique Bertrand Baret, qui a impulsé la mise en place d’outils de gouvernance, de pilotage, de suivi de la top-line et des effectifs au jour le jour, etc.
Le cabinet a créé sa propre école, où se forment les consultants mais aussi les clients, à qui est vendu ce service de formation sur des sujets précis. Les formations touchent de nombreux domaines, tech ou business, tantôt dispensées par Onepoint seul, tantôt en partenariat avec des écoles ou entreprises. L’école, qui propose aussi des parcours professionnalisants, compte 300 formateurs et revendique 6 000 personnes formées en 2023.
La recherche occupe une place importante dans l’écosystème Onepoint. Son institut, animé par Muriel Touaty (ex-dirigeante de Technion France), et qui compte une quinzaine de docteurs et doctorants, permet aux chercheurs de travailler non pas en vase clos, mais main dans la main avec les consultants. Un board de haut vol (qui compte par exemple le prix Nobel de Physique Alain Aspect, ou d’autres sommités du monde universitaire) agit comme garant scientifique du travail de l’Institut.
On ne fait pas de « RSE » chez Onepoint. Le cabinet l’a remplacé par sa politique Reset (pour responsabilité économique, sociale, écologique et technologique des entreprises), qui place la technologie au service de l’économie, du social, et de l’écologie. Une politique couronnée en 2021 par une certification Gold EcoVadis, et en 2022 par une certification B-Corp. Il a par ailleurs investi, en 2023, un million d’euros dans Time For The Planet (fonds à but non lucratif qui investit dans des entreprises qui portent la transition écologique). Le cabinet a créé une plateforme, Impact, où des associations peuvent exprimer des besoins particuliers, auxquels des consultants peuvent répondre.
Il s’engage en faveur du handicap et de la parité (bien que les femmes ne représentent que 40 % des effectifs, et 16 % au grade de partner, avec seulement 21 femmes sur 130).
En France Onepoint est implanté dans les grandes villes : Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Aix-en-Provence, Strasbourg, pour accompagner les grands comptes localement, mais aussi développer leur propre clientèle ETI. Notons également que certaines grandes entreprises ont leur siège ailleurs qu’à Paris (Airbus à Toulouse, CMA CGM à Marseille - servi depuis Aix-en-Provence).
S’il existait un concours des plus beaux bureaux de cabinets de conseil, Onepoint serait un sérieux prétendant au titre. À Paris, il occupe entièrement un ancien immeuble des PTT, réaménagé, décoré, et meublé au goût du jour, avec une terrasse qui offre une vue sur la Tour Eiffel. « Nous avons inversé le modèle traditionnel du conseil : avec ces bureaux, ce sont nos clients qui veulent venir travailler chez nous, au lieu que nos consultants aillent chez eux ! » Ils sont malgré tout loin du centre de la capitale, et assez mal desservis par les transports en commun. À l’étroit, le groupe a acheté, en 2023, un hôtel particulier à 30 mètres du siège. Un lieu tout à fait unique, avec notamment une terrasse verdoyante qui s’étale sur plusieurs niveaux à la manière d’un amphithéâtre, lieu qui a valu à Onepoint le premier prix des Trophées IDET (ex ARSEG) 2023 dans la catégorie « Meilleur environnement de travail ».
Le cabinet lève régulièrement des fonds pour accélérer son développement, et cela dans des proportions importantes (dernière en date : 500 M€ début 2024). Mais sans jamais perdre son indépendance capitalistique, puisque les investisseurs n’ont toujours apporté que de la dette. Le capital est à la fois très centré sur son fondateur, qui détient 77 % des parts, et largement réparti entre un millier de salariés, qui se partagent les 23 % restants.
En pratique
Références
Liste détaillée et vérifiable
Tarifs
1 200 €/jour
Recrutement
Nombre : 900 en 2025 pour les activités de conseil
Profil : jeunes diplômés (grandes écoles de commerce et d’ingénieur)
Contact recrutement : Matthieu Fouquet, secrétaire général et partner RH
Autres bureaux
Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Lyon, Aix-en-Provence, Strasbourg
Casablanca, Sydney, Bruxelles-Zele, Montréal, Singapour-Kuala Lumpur